desmotsdesimages

Martyr

Parce-qu’ils n’étaient pas tous Sénégalais, mais parfois Burkinabés, Togolais , Maliens, Ivoiriens…et qu’ils avaient, tous, des noms propres !

Nous combattons leurs despotes et leurs dictateurs
Mais ils nous appellent tirailleurs.

Nous nourrissons la patrie républicaine
Mais ils nous appellent indigènes.

Nous épousons leur langue et leurs usages
Mais Ils nous appellent sauvages.

Ils nous condamnent à errer dans leurs documentaires
Ou sur les stèles de leurs monuments de pierre.

Ils nous décorent le 14 Juillet
Et nous oublient le reste de l’année.

Nous, nous sommes les martyrs
figurants oubliés d’un lointain souvenir

Héros de guerres et de batailles
Couverts de croix et de médailles

Parés d’honneur et de gloire
Nos noms font l’histoire

Mais l’histoire ne fait de nous qu’un nom.
« Martyr » comme si nos mères n’avaient pas d’imagination.


par Eric

Brutal


Forever Young

S’il n’a pas trouvé la fontaine de jouvence, l’humain est a contrario doué dans l’art de se laisser vieillir…

Pourtant,
Je crois avoir atteint l’âge trouble
Où les hommes, à tort mais à force
Croient que la suite ne prend du sens
Qu’avec femme et enfants
Et quelques amis d’autant.

Cet âge où l’on est vieux
D’avoir trop vécu ou par choix
De son programme télé
Ou de sa coupe de cheveux, sa sape
Pis,
D’avoir vu avorter le bug de 2000

Avec ses promesses de fin du monde.
Même que des fois, l’on est vieux
D’avoir juste gardé le bouc grisonnant,
De le porter fiers et gras
Pour exiger le respect ou la faveur
De s’asseoir dans le bus
Bondé.

Ce n’est pas le temps qui nous tue
Non,
C’est nous qui le laissons mourir,
Nous creusons nos rides à coups de frein
Jubilant le temps d’un anniversaire
Et boudant les mois trop longs

Car nous avons trop hâte de finir
Vieux.


par Eugenio

Brutal


Schizophrène

à force de se chercher, on fini parfois par se retrouver face à soi même. On fini schizo !

Il a tout d’un homme mais la voix d’une femme
Schizo
Schizo
Celui dont on dit
Que l’esprit
A perdu l’âme .

Ils ont dit qu’il aime jouer du yoyo
L’enfant schizo
Ne sait ni du jour ni de la nuit
Ni de l’autre qui l’ennuie
Ne sait point le temps pour parler
Ni le moment pour pleurer.

Il appartient seul à son monde
Schizo
Schizo
Car personne ne comprend
Rien qu’un instant
Dans quel sens il abonde.

Il est schizophrène
Plus facile à ranger dans une boite
Jetée ici, puis là à l’aide de paroles maladroites;
Être difficile que jamais on ne cerne.
Schizo
Schizo.


par Stéphane

Brutal


L’épris et la promise

Souhaitons la bienvenue à Eric. Qui sait, peut-être que cela l’aidera aussi à se consoler de cet amour promis et perdu…

T’aimer fut une souffrance
Te toucher fut une offense
Seul désormais, je purge ma pénitence
Car sans toi ma vie n’est plus qu’errance

Quand sonne le glas de notre amour avorté
Je m’éclipse le cœur serré
Esquissant maintes élégantes révérences
Avec bienséance et en silence

Préservant ce qui me reste de dignité
Je sors de ta vie comme j’y suis entré
Sans trop de fracas ni trop de bruits
Sans trop de sanglots ni trop de cris

Flétris comme des feuilles mortes
Mes souvenirs jonchent le pas de la porte
Celle que j’ai ouverte avant de te connaître
et celle que je ferme avant de disparaître

De nous il ne reste que regrets et douleur
Mais de toi je garderai le meilleur
Une bien maigre consolation à mon supplice
l’amour ne serait donc qu’injustice

Puisque supplier ne sert à rien
Mes larmes sur ma figure ont peint
Le vrai visage de l’amour
Euphorie d’un instant si court
Qu’il laisse un arrière-goût de confusion
L’amour ne serait donc qu’illusion.


par Eric

Brutal


Fusion

Lui c’est Agara. Et Agara a un précieux récit à vos proposer…

Du couloir on pouvait entendre des chuchotements
C’était leurs doux murmures
Cela faisait deux heures d’horloge
Qu’ils se délectaient de se parler
Qu’ils se régalaient de s’écouter
Ils adoraient ça
Parce que ces échanges étaient spéciauxParce que ces instants étaient précieux

Ils étaient assis
Face-à-face
Leurs visages étaient contigus
Si proches
Qu’ils respiraient le même air
Qu’ils n’avaient pas besoin d’élever la voix pour s’entendre
Même qu’ils n’avaient pas besoin de s’entendre pour se comprendre
Ils étaient fusionnels

Leurs yeux légèrement humides scintillaient d’un rare éclat
De temps en temps, ils arrêtaient de parler pour se regarder
Dans ce silence négocié, un soupir était lâché
Ils baissaient alors délicatement leurs paupières
fermant leurs yeux pour profiter des vagues d’émotions qui les traversaient
fermant leurs yeux pour contrôler les sensations qui les envahissaient

Entre leur corps, plus rien ne faisait barrière
Ni les vêtements qu’ils avaient mis pour paraître mutuellement élégants
Ni même le vide qui maintenait habituellement une distance socialement acceptable entre eux

Une caméra thermique aurait vu la chaleur qui se dégageait d’eux
Une chaleur aussi intense que la passion qu’ils se vouent
Un voyant aurait vu une magnifique enveloppe de volupté autour d’eux

Sur le dos de chacun leurs mains maintenaient ce contact sensuel
Sur leurs hanches respectives, leurs pieds se croisaient
Leurs poitrines liées, leurs ceintures jointes
Ils étaient brûlants et tremblants
Tremblants au contact de leurs sueurs fraîches
Brûlants de la fièvre amoureuse qui les frappaient

Le reste de leur corps ne pouvait s’entremêler au delà du contact déjà établi
Par leurs regards, ils pouvaient plonger dans l’âme de l’autres

Les natures fusionnelles sublimaient cet instant
Là il n’y avait pas de mouvement
Pas de va-et-vient
Pas de rythme
Ils ne voulaient pas que ce soit bestial
Ils ne voulaient pas que ce soit commun
Ils voulaient une communication permanente
Une fusion alchimique
Dont les flots se propageaient dans chaque périmètre de leurs corps
Cet instant était magique, semblait infini
Ils ne voulaient pas qu’ils s’interrompent
Ils voulaient que ça reste ainsi

Mais leur corps ne pouvait supporter ce magnétisme
L’intensité de leur regard augmentait
Les battements de leurs cœurs s’accéléraient
Derrière cette porte on n’entendait plus de murmures
Juste le rythme effréné de leur respiration qui montait
Leurs bouches s’entrouvraient pour prendre plus d’air
Puis leurs lèvres brûlantes s’entremêlaient dans un baiser si long, si fort
Portant les battements de leurs cœurs à leur point culminant
Dans un gémissement mutuel leurs corps craquèrent
Libérant leurs fluides respectifs
En même temps que des cris inexpliqués et incontrôlés
Puis de grands soupirs

Après avoir repris du souffle
Ils fondaient dans un baiser langoureux
Dans une tendre étreinte
Leurs corps affaiblis échouaient délicatement dans ce lit
Toujours entrelacés
Leurs yeux reflétaient plus fort que jamais
Toute l’admiration qu’ils se vouaient

A ce moment là, ils se demandaient ce qu’ils feraient
De toute la force de cette attraction réciproque */*


par Agara

Brutal


La mosaïque

Eva est blogueuse. Elle vient partager avec nous sa définition très personnelle de la Mosaïque.
Vous en aurez le cœur brisé…

C’est l’art de briser une vie injuste et malheureuse
Avec toute la force d’une pince Invincible

Puis, de recoller les morceaux
Nouveaux, brillants, nés
Patiemment, avec amour et tendresse,

Pour une œuvre sublime et grandiose.


Par EvaBrutal


Koumassi

Lamine est blogueur. Tout comme Wassakou et Eva , il aime et écrit de la poésie.
Il partage avec nous quelques-unes de ses productions sur Koumassi ; car Des Mots Des Images est avant tout un blog communautaire, une œuvre qui s’écrit à plusieurs mains.

Vous pouvez, vous aussi, nous envoyer vos textes via l’adresse mail ( desmotsdesimages@gmail.com ) et nous nous ferons un plaisir de les publier !

Bonjour à vous, Toutes et Tous!
Je suis Koumassi,d’Abidjan.

Il pleut à Koumassi.
A Koumassi, pleuvoir est une bénédiction satanique.
Visage las, s’étiolant sous le joug de l’hernie spirituelle,
Je marche.

Il pleut à Koumassi.
Je dois pourtant aller à l’école.
Je dois pourtant faire mes exercices, ceux du maître.

Je suis Koumassi, d’Abidjan.
Le parapluie violet assorti d’une violette sandale aux mains nues n’y peuvent rien,
Je dois nager debout,
L’air inquiet.

Il pleut à Koumassi.
Je dois pourtant partir.
L’eau noire stagne telle un lac.
Le vésicule de Guinée nage à mes cotés,
Tentant de s’y introduire,
Sachant s’y introduire avec aise.

Je suis Koumassi,
Mes milles carreaux bleus et blancs rient aux éclats !
Le spectacle est hallucinant pourtant je dois me taire.
Je suis mouillée. Papa ne dira rien puisqu’ils ne diront rien au JT.
Je suis souillée, dépourvue de mon essence naturelle.

Il pleut à Koumassi,
Le ver y est presque, juste un effort de fourmis et le tour est joué.
Je dois pourtant me mouvoir.
Lutter sac au dos, d’eau coulante.

Je suis Koumassi, d’Abidjan.
Je plonge mon regard dans cette marre d’eau microbienne sans jamais savoir où je touche.
Je berce mon esprit revanchard sans jamais réussir à lui faire comprendre ma solitude.

Jl pleut à Koumassi.
Mon inquiétude est débordante, ma haine silencieuse !
Mon désespoir caresse l’idée folle de partir ,partir malgré tout.
Je suis inquiet.
je suis Koumassi, d’Abidjan.
Je suis Kour-même assi !

Il pleut à Koumassi,
le peuple mien s’en réjouit…
Dans la douleur !
L’histoire parle.


par Lamine 

Brutal


L’alphabet

Le 08 Mars c’est votre journée. Nous l’avions compris mesdames, rassurez vous.
Et c’est pour continuer à vous célébrer, nous vous ferons voyager, aujourd’hui encore, dans l’antre du mâle…dont il faudra se méfier.

Avant d’envoyer les faire-parts et de tomber
Dans l’euphorie de départ, de faire le pas
Et le choix délicat de celle qui vous aimera
Une vie durant, malgré votre ventre enrobée

Bien avant, révisons un peu votre alphabet.
Ne partez pas déjà, bientôt l’on s’accordera
Sur le fait que nul n’a besoin d’un barda*
Même s’il en veut une aux seins bombées.

L’alphabet se compose juste d’Alpha et Bêta
Les deux seules dont l’on n’a pu se dérober
Ce qui n’est pas le cas de ce plan Q, l’entubée
Dont le nom l’instant d’après vous échappa.

Alpha était là avant, enfin c’est ce qu’elle croit;
Elle s’est placée, subtile telle une balle lobée
Dans vos projets et projette même un bébé !
Bien sûr avant, Alpha veut une bague au doigt

Peu lui importe du bijou le nombre de carats
C’est vous qu’elle veut sans défauts d’ici là.
Or avec Bêta, c’est vous qui allez les snober
Vos amis mis au fait en ont la bouche bée

Et pour cause ce plan B est à se faire plomber
Par les siens, à coup de roueries et coups bas,
Arguant preuve à l’appui que vous ne la méritez pas :
Elle est trop bonne pour n’être qu’un plan B…

Et si vous vous sentez perdu au milieu de tout cela
Tel le chevalier qui devant les York* s’est courbé
Le jour même où les Lancastre* l’ont adoubé
Sachez qu’il faut un harem à tout bon mâle alpha.

 

*Barda: bagage encombrant
*York et Lancastre : Familles royales anglaises rivales du moyen âge.


par Eugenio D.

Brutal


On a fait des ponts

En Côte d’Ivoire, on fait des routes et des ponts…mais cela n’arrête ni la faim ni la grogne.

 

Mais les voilà qui crient à la famine.
Ah ces hommes de très bas fond !
L’on a beau être forts, beaux et bons
Ils trouvent toujours la bête qui incrimine.

On a fait des ponts !

Et des routes, pour ne pas s’arrêter en chemin;
Pour qu’ils nous acclament des deux mains,
Des ponts et au bout, des ronds-points, partout :
Tant qu’ils tournent en rond et voient flou

Nous gagnerons du temps, du temps précieux
Du temps à perdre dans des discours pompeux,
À pérenniser quelques erreurs du passé
Ou à violer une loi réclamé poing au ciel pointé.

On a fait des ponts !

Mais ils parlent encore d’indépendance !
Qui donc a enseigné l’histoire des peuples grands
À de petits hommes de la plèbe si peu savants ?
Les voilà râblant la fournaise avec violence

Scandant des refrains qui sifflent au vent
Et au oreilles du temps, qui a bonne mémoire
Mais aucune force dans les bras, il faut croire
Vu que ce n’est pas le temps qui chasse le méchant

Mais une foule en colère, à même de passer le pont.


par Eugenio D.

Brutal